Depuis l'installation du camp Zéro, Malka se retrouvait à faire plus ou moins la même chose. Surveiller les alentours afin d'éviter les mauvaises surprises. Elle en venait presque à regretter la période inconfortable de l'installation du campement. L'époque où elle devait régulièrement faire un tour en forêt pour s'assurer qu'il n'y avait pas de bestioles hostiles dans les parages. Maintenant, elle était confinée à un mirador avec son fusil de sniper à observer l'horizon. Cela lui pesait un peu et se demandait quand est-ce que les explorations reprendraient afin de mieux connaître les environs. Pas le voisinage proche qui ne requiert qu'une petite journée de vadrouille. Non, elle voulait du voyage qui s'étire sur une semaine. Une semaine d'aventure et d'action dans un milieu inconnu et peut-être dangereux. La vie de colon n'était pas faite pour le belle brune. Après tout, c'était un ancien agent du MOSAD habituée à infiltrer des groupe terroristes, à pourchasser de dangereux criminels ou bien trouver et éliminer une cible déclarée dangereuse pour la sécurité nationale. Après plus de dix ans d'une vie faite d'action, comment pouvait-elle se contenter d'un chemin de ronde et d'un perchoir pour seul horizon ? Ce fut un peu perdue dans ses pensées maussades qu'elle se dirigea vers la baraquement qui servait de réserve. Comme tous les jours elle venait chercher de quoi manger le temps de son tour de garde.

- L'économe: Tient Avram, on vient chercher sa pitance.

L'air goguenard du type ne plaisait pas à la jeune femme qui s'abstint de relever les mots de son interlocuteur.

- Malka Avram: Oui, comme tous les jours ... euh ... machin ?!

Elle attrapa sa ration et fila avant que l'homme ne puisse lui répondre. Elle ne voulait pas taper la discutions avec ce type qu'elle trouvait plutôt vulgaire et sans intérêt. La belle brune se demandait même comment il avait fait pour se retrouver ici. Alors qu'elle filait de bon pas, elle percuta une personne qui déboulait devant elle au détour d'un baraquement.

Sous le choc, les deux protagonistes du carambolages reculèrent d'un pas. Une légère moue de surprise passe rapidement sur le visage de Malka. Immédiatement, elle s'en voulu, car elle avait baissé sa garde. Il aurait pu s'agir d'un ennemi et ce dernier aurait pu la prendre par surprise. Décidément, les habitudes du Mosad ont la vie dure. D'un rapide coup d’œil, la belle brune constata qu'il s'agissait d'un petit gris, autrement dit un technicien. L'homme s'empressa de s'excuser. Certainement plus par éducation que par réelle faute, car dans le cas précis cela devait être du 50/50. En continuant de l'observer discrètement, l'ancienne agent du Mosad en déduisit qu'il venait de finir de manger. Le blondinet à moustache avait les mains remplies de détritus d'un repas frugal, mais peu appétissant. Oui, Malka faisait parti de ces gens qui prenait un certain plaisir à manger avec tous ses sens. Pour elle, les barres de céréales et les trucs lyophilisés, ce n'étaient pas de la nourriture. Juste un truc pour éviter de crever de faim. Une pensée fugace traversa l'esprit de la belle qui l'a fit sourire "Vivement qu'il y ait une production de fruits et légumes sur cette planète". Tout en le détaillant, l'israélite se rappela d'avoir déjà croisé ce type plusieurs fois. Notamment dans son baraquement. Un voisins ? En tout cas, sa tête lui disait franchement quelque chose. Déformation professionnelle, Mallka avait souvent une bonne mémoire visuelle. C'était une qualité qu'il fallait cultiver et entretenir dans sa branche. Parfois, c'était la seule chose qui séparait la réussite et l'échec d'une mission. Échec étant souvent synonyme de mort.

- Malka Avram: Pas de problème !

Une réponse courte et concise sur un ton relativement neutre agrémenter malgré tout un petit sourire.

- Malka Avram: C'est tout autant de votre faute que la mienne. J'étais toute à ma joie de faire un succulent repas que je n'ai pas fait attention à mon environnement.

La jeune femme lâcha cette dernière phrase sur un ton ironique tout en montrant ce qu'elle avait pour manger pendant son tour de garde.

- Malka Avram: Goûter les baies ? Peut-être pas quand même, mais n'avons-nous pas des scientifique qui pourraient faire des analyse pour savoir si elles sont comestibles ? Ça serait déjà une bonnes choses de manger du frais au lieu de ces trucs lyophilisés et autre pâtes nutritives.

La belle brune laissa échapper un grimace pour sa dernière phrase. Elle ne laissait planer aucun doute sur le fait qu'il y avait quelque chose à faire de plus constructif que ce qui se faisait actuellement.

- Malka Avram: Par contre, ça c'est plutôt une bonne nouvelle. Enfin, on ne pourra pas nourrir tout le monde avec les premières récolte. Pour cela il faudrait avoir un minimum de terres agricoles. Oh zut ! On n'en a pas. Faudrait peut-être explorer un peu les alentours et arrêter de se reposer sur les relever du vaisseau. Rien ne vaut une bonne reconnaissance au sol. Un œil humain verra mieux les avantages et inconvénients d'un site de développement.

La jeune femme se coupa nette dans son petit discours. On lui avait souvent dire de se taire à ce sujet au cours du mois précédent. Ce n'était pas de sa faute si son avis était divergeant d'avec les décideurs. Franchement, il fallait être bête ou suicidaire pour aller s'installer dans un coin sans faire une reconnaissance tactique au sol au préalable. Enfin quand cela était possible. Là, c'était le cas, alors pourquoi ne pas en profiter. Surtout que pour le moment le coin semblait plutôt calme, le calme avant la tempête ? Malka n'en savait rien, mais elle était certaine d'une chose: "il faut toujours profiter des occasions". C'était une façon de penser assez peu partager par les décideurs. Certainement des bureaucrate qui n'avait jamais mit les pieds sur le terrain ou bien des vieux devenus trop frileux pour savoir quand prendre des risques. Sans un minimum d'audace, la mission allait probablement courir à sa perte. Elle était un peu perdue dans ses réflexion le regard fixé sur ses barres de céréales.

- Malka Avram: Vivement que l'on se bouge un peu. Que l'on explore un peu plus notre nouvel environnement. L'information est la denrée la plus importante pour notre survie.

La jeune femme écoutait avec attention ce que son interlocuteur disait.  Elle nota sa petite pointe d'ironie sur les baie, par contre, elle remarqua aussi une certaine anxiété quand il aborda le sujet de la culture. Enfin surtout les attaques sauvages subies par les mécas agricoles. On ne savait pas trop ce que cela pouvait bien être comme bestiole, mais elle devait certainement être énorme et pourquoi pas "chasser" en meute. Malka n'avait pas eu l'occasion d'aller voir les scène et c'était bien dommage, car elle aurait certainement pu apprendre bien des choses utiles pour le camp Zéro. Après tout, de par sa profession, la belle brune avait appris deux ou trois petits trucs très pratiques pour survivre en milieu sauvage et hostile. En tout cas, on pouvait voir que cette violente attaque angoissait l'homme avec qui elle parlait. Cela donnait simplement du grain à moudre à propos de ce qu'elle n'arrêtait pas de dire et rabâcher.

- Malka Avram: Cela semble vous secouer. Avez-vous perdu quelqu'un dans cette attaque ou bien c'est juste un profond sentiment d'insécurité qui vous met dans cet état ?

Pas très subtil la petite, mais après tout ce n'était pas sa spécialité. Elle, c'était de traquer une cible et de l'éliminer. A en croire ses supérieur, c'était une des meilleures dans son domaine au Mosad.

- Malka Avram: En tout cas, cela illustre bien ce que je n'arrête pas de dire. Rien ne vaut l'exploration humaine sur le terrain. Jamais un fichus vaisseau pour nous certifier que le terrain est viable. Il peut relever le taux O2 dans l'air, si la terre est fertile ou des conneries du genre, mais jamais il pourra vous dire si c'est le territoire de chasse d'un prédateur, si ça se trouve sur la route de migration d'un énorme troupeau d'herbivores capable de raser le camp en moins de deux. Non, le vaisseau et les ordis ne pourront jamais voir cela à travers leurs statistiques.

Elle marqua une légère pause avant de reprendre en regardant son interlocuteur droit dans les yeux.

- Malka Avram: Maintenant que nous sommes là, il faut faire cela à l'ancienne méthode. envoyer des explorateurs pour s'assurer que c'est vraiment viable et surtout trouver pourquoi pas un autre site bien mieux qu'ici. Niveau défense, ça vaut zéro. Je ne raconte même pas notre absence de connaissance de la faune et de la flore. Il y a beaucoup à découvrir avant de pouvoir se sentir chez soit, mais pour le moment il semblerait que les boss soient trop frileux pour prendre les décisions qui s'imposent.

Le ton était légèrement monté. Malka était particulièrement remontée contre les décideurs qui ne faisaient rien pour s'assurer de la bonne réussite de la mission. Enfin, c'était son point de vu de soldat habitué à la survie en milieu hostile.

La jeune israélite écoutait le type parler des dégâts sur les Ubots. Les machines avaient salement morflé dans la confrontation avec le danger qui rôdait dehors. Certes, il était naturel d'avoir peur de croiser se prédateur capable de déchiqueter de puissantes machines capable de foutre la misère à un humain en force pure, en vitesse, en capacité de calcul et compagnie, mais Malka était certaine d'une chose; "les machines ne sont que des machines. Elle ne sont pas encore au niveau de compréhension et de réflexion d'un humain. Ils n'ont pas l'instinct de survie". L'ancienne agent du Mosad garda sa réflexion pour elle, car elle ne voulait pas froisser les ingénieurs qui avaient bossé dessus les Ubots. Dans l'ensemble, ils avaient fait plutôt un bon taf, mais les robots manquaient d'humanité aux yeux de la belle brune.  Ils leur manquaient de ce petit quelque chose qui faisait d'un humain un être à part, car imprévisible. Quand son interlocuteur lui parla du responsable, elle se contenta de hausser les épaules avant de rajouter d'un air détacher.

- Malka Avram: Personne ne peut être compétent dans tous les domaines, c'est d'ailleurs à cela que servent les adjoints. Alors qu'ils laissent un peu la sécurité faire son taf ... Je pense que dans tous les cas, ça ne risque pas d'être pire que maintenant. Elle marqua une légère pause avant de reprendre. Après tout, on est entraîné pour se genre de situation. On n'a pas pas passé tout ce temps dans des caissons de cryo pour venir ici crever sans rien tenter. Ça serait un sacré comble.

La jeune femme était parfaitement sérieuse. Elle ne voyait pas l'intérêt de se voyage si on se recroquevillait sur soit à la moindre difficulté. Ils avaient fait un long voyage et ceux de la sécurité savaient pertinemment que cela ne serait pas aussi facile que ce qui était vendu dans les prospectus du projet. Elle comprenait bien la peur et les doutes des autres, mais elle était intimement persuadée qu'il fallait aller de l'avant pour faire bouger les choses et elle était bien décidée à le faire savoir à sa hiérarchie ainsi qu'aux autres personnes présentes dans le camp Zéro. Elle ne cherchait pas spécialement à convaincre les gens que  ses arguments étaient les meilleurs, mais juste à les faire réfléchir un peu. Tout en parlant avec le technicien, elle prit machinalement une de ses barres de céréales pour commencer à la manger. C'était qu'elle commençait à avoir faim le belle brune.

- Malka Avram: Bref ! Nous n'avons plus le temps d'être prudent. Soit on fait ce qu'il faut pour assurer notre place ici, soit on crève tous à petit feu.

Elle rajouta cela sur un air légèrement détaché, un peu comme si elle réfléchissait à haute voix. Malka était le genre de femme à dire ce qu'elle pensait que cela soit une bonne chose ou non. On lui reprochait souvent sa trop grande franchise et son manque d'empathie. De son côté, elle n'en avait cure de ça, ce qu'elle voyait, c'était son objectif et ce qu'il fallait faire pour l'atteindre. Pas la peine de mentir aux gens. On allait tous en baver sur cette planète.

L'ingénieur qui faisait face à l'israélite semblait vraiment certain qu'en l'état, les agents de sécurité n'avaient aucune chance de survie dehors. Cela aurait pu énerver la belle brune, mais bien heureusement la susceptibilité n'était pas l'un de ses défauts. La jeune femme ne se contenta que d'arquer un sourcil devant le manque de confiance de l'homme.


- Malka Avram: Ok, on ne sait pas ce qu'il y a dehors. Ok,
on n'est pas blindé comme les UBot. Mais ... Mais je reste persuadée que nous avons de meilleurs chances de survie à l'extérieure qu'un UBot. Nous avons un petit truc en plus comparé à eux. Nous avons l'Instinct de survie. Je pense que ce tout petit sentiment peut faire la différence. Puis, si on ne prend pas de risque, on ne fera rien, on n'avancera pas. L'exploration, c'est comme la guerre ... on sais parfaitement qu'il y aura des pertes.

Elle marqua une légère pause dans son mini discours pour fixer droit dans les yeux sont interlocuteur pour vérifier qu'elle avait bien tout son attention avant de finir ce qu'elle avait à dire.

- Malka Avram: Si quelqu'un vous a promis que tout ce passerai bien, sans heurt et sans mort ... C'est un sacré con doublé d'un fieffé menteur. Et, excusez-moi de vous le dire comme ça, vous un sacré con de l'avoir cru sur parole.

Oui, par moment, Malka pouvait avoir une façon de dire les choses qui pouvait froisser les gens. C'était la genre de chose dont elle se fichait complètement. Surtout dans la situation actuelle. Elle pensait sincèrement qu'il fallait enlever aux gens les illusions néfaste d'un avenir rose et sans problèmes. L'humanité allait en baver pour s'installer ici et il fallait s'y préparer rapidement sous peine d'y laisser beaucoup trop de plumes au point de mettre la projet en dangers.

- Malka Avram: Evidemment, quand je dis que nous avons était entraîné pour ce genre de situation, c'est un pieux mensonge. Rien ne nous préparera jamais à tout ce que l'on va vivre ici, mais je veux simplement dire que nous avons une certaine expérience de la survie en milieu hostile et aussi de la guerre en général. De plus, je suis certaine que si l'on demande à n'importe quel agent de sécurité ce qu'il préfère, il répondra partir à l'aventure malgré le dangers plutôt qu'attendre ici gentiment de se faire écharper par une bestiole inconnue.


Elle haussa légèrement les épaules en rajoutant sur un ton où perçait un peu de gaieté.

- Malka Avram: Peut-être aussi que dans la sécurité on est trop axé sur l'action et les décideurs pas assez.

Voilà, c'était dit ça aussi.  Malka était plus une femme d'action que de paroles creuses.